Juste parce que j’aime cette photo.
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Lors de mon dernier passage à Paris, Valéria, mon éditrice chez Grasset jeunesse, m’a offert l’album paru en même temps que Les petits jours de Kimi et Shiro : Le panier de pique-nique de Gabriele Rebagliati au texte et Susumu Fujimoto aux illustrations.
Un grand album au format rare dans lequel on plonge physiquement.
Une belle histoire qui bouscule l’intime, là où se questionne le lien avec nos parents, biologiques, adoptifs ou même imaginaires. Là où se jouent probablement des émotions enfouies depuis la petite enfance.
L’émotion suscitée par cet album m’a ramenée au roman graphique d’Alison Bechdel, C’est toi ma maman?. A. Bechdel y décortique sa relation avec sa mère, se confrontant, avec courage, aux abysses de son esprit pour en comprendre ce qu’il y a d’humain et d’universel ; elle se réfère souvent à Alice Miller : « L’enfant qui supprime ses propres sentiments afin de satisfaire un parent a, en quelque sorte, été abandonné. Plus tard, quand ces sentiments d’abandon commencent à émerger en cours d’analyse, ils s’accompagnent d’une intensité de douleur et de désespoir à laquelle il est évident que ces gens n’auraient pu survivre auparavant. »
Certains scénarios, romans, films… nous tirant des larmes, nous plongeant soudainement dans le chagrin, suffisent à mesurer la puissance de ces sentiments enfouis.
Le panier à pique-nique, à l’évidence admirablement traduit/adapté par Christian Demilly, dégage une rare intensité, et, avec finesse et légèreté, nous met tout petit, soulevé par les mots et les images de Rebagliati et Fujimoto.
Rangé dans la case littérature jeunesse et donc accessible aux très jeunes personnes, ce livre est néanmoins un chef d’œuvre littéraire. Un bijou, qui en quelques pages, quelques images, parvient à secouer le lecteur et le temps de la lecture, lui offrir d’être pleinement au Monde.
Merci Valéria pour ce magnifique cadeau.